Les entreprises sont confrontées à la nécessité de former leurs salariés aux compétences de demain sur la transition écologique. Cependant, malgré les attentes des salariés, beaucoup se contentent encore de dispositifs de sensibilisation courts et superficiels.
Cette situation soulève une question cruciale : comment faire émerger les compétences essentielles à la transition durable dans les entreprises ? Cette préoccupation gagne en importance dans les cercles économiques. En février dernier, le Réseau Emploi Compétences (REC) a établi sa feuille de route pour 2024, mettant en avant la transition écologique comme axe majeur de travail. Le Secrétariat Général à la Planification Écologique estime même que 8 millions d’emplois en France seront directement impactés par cette transition.
Marie-Lys Le Buhan, experte en formation à la transition écologique chez Les Nouveaux Géants, souligne ce changement en expliquant : “On entre dans l’ère où tous les métiers vont devoir intégrer la durabilité dans leur périmètre de poste et leurs compétences. Tout va évoluer.” En effet, les enjeux de durabilité ne se limitent plus aux seuls professionnels de la RSE et du développement durable ; ils concernent désormais tous les domaines, des ressources humaines au marketing.
Cependant, malgré cette prise de conscience croissante, de nombreuses entreprises tardent à effectuer cette transition. Si certains signent des accords-cadres pour former leurs ingénieurs aux enjeux écologiques, beaucoup se contentent encore de programmes de sensibilisation superficiels. Ces dispositifs, bien que populaires, ne suffisent pas à développer les compétences concrètes nécessaires à la durabilité. Au contraire, ils risquent de créer une illusion de formation complète, comme le souligne Caroline Renoux, fondatrice de Birdeo : “Il y a cette idée que les microlearning de quelques heures permettent de cocher la case et de dire ‘oui, on a formé tout le monde’. C’est évidemment insuffisant.”
Le manque d’engagement des directions et des DRH est également pointé du doigt. Si les entreprises manquent de visibilité sur les compétences à développer, les salariés, eux, expriment clairement leur volonté de se former davantage. Ils sont 87% à considérer que leur métier est fortement concerné par les enjeux de durabilité et 62% souhaitent des formations spécifiques sur le sujet.
La réglementation, comme la CSRD, commence à jouer un rôle catalyseur en obligeant les grandes entreprises à transformer leurs compétences pour répondre aux exigences environnementales et sociales. Au-delà des réglementations, l’enjeu est aussi de repenser la manière dont on mesure la performance des métiers en intégrant les dimensions extra-financières.
Ainsi, passer de la sensibilisation à la transformation des compétences écologiques dans les entreprises nécessite un engagement plus fort des directions, une implication accrue des DRH, et des programmes de formation adaptés aux réalités du terrain. Seul ce changement de paradigme permettra de répondre aux défis urgents de la transition écologique et d’assurer un avenir durable pour les entreprises et la planète.
Selon un article de Clément Fournier /12/03/2024 (Novethic)
Pour aller plus loin, lire “Stratégie Emploi et Compétences” du Secrétariat Général à la Planification Ecologique…